Un jour , Arlette a jeté son
dévolu sur les oeufs de cane.
Depuis elle les peint dans de remarquables compositions.
Née à Argenteuil voilà 67 années, Arlette Fauvette et son mari
travaillent dans une entreprise d'électricité à Dijon. A la retraite
en 1995, Arlette s'installe à Charrey- sur-Saône un an plus tard. Elle
partage sa vie avec des animaux qu'elle affectionne, en particulier une
vieille jument qui était destinée à l'abattoir et qui termine ses
jours dans un cadre verdoyant.
En novembre 2000, Arlette Fauvette a des ennuis de santé qui l'obligent
à se faire hospitaliser. Après une opération délicate, la voilà
transportée dans une chambre à deux lits.
Une compagne d'infortune la
rejoint bientôt, pleine d'allant, souriante malgré l'épreuve, qui
s'installe, et précautionneusement, hisse un carton sur l'armoire de
là chambre en disant « pourvu que je ne casse pas mes oeufs ».
Arlette est étonnée et interroge Evelyne, qui lui apprend qu'elle
peint sur des oeufs d'oie, et que son hospitalisation n'allait pas lui
priver d'exercer son art. Après trois jours de repos forcé, Evelyne
sort les oeufs, puis les tubes de peinture, les pinceaux et termine un
décor de Noël commencé chez elle.
Voilà les oeufs de canes
Arlette est admirative
devant la finesse du travail exécuté, et se rappelle alors
qu'elle-même avait délaissé les pinceaux en 1974. L'envie lui prend
soudain t d'égaler Evelyne, et voilà bientôt la chambre d'hôpital
transformée en atelier'' Les lits sont repoussés et les tables mises
côte à côte.
Ces dames vont alors peindre, et Arlette se souvient de sa première
oeuvre sur un oeuf d'oie, des pois de senteur...
Certes, les chirurgiens et internes, lors de leurs visites
protocolaires, trouvaient rarement les deux passionnées dans leur
chambre, ces dames ayant déserté leur « atelier » pour partir « en
virée » montrer leur travail aux malades...
Des tableaux avec des fleurs séchées 
Au bout de quelques semaines, Evelyne est retournée à Nevers, mais les
artistes se sont retrouvées et ont exposé à Pâques 2003 au centre
Leclerc, à Dijon.
Et puis, Arlette se procure dans son village des oeufs de canes, et se
met à peindre. Le résultat est stupéfiant. Paysages, maisons,
portraits, fleurs, chouettes, tous les thèmes sont bons pour permettre
à Arlette d'exercer sa passion: « Un exutoire, une thérapie contre la
maladie », aime rappeler Arlette.
C'est vrai que les aléas de la vie lui ont forgé le caractère. Et
puis un jour, à Tart-le- Haut, Arlette découvre des tableaux
confectionnés avec des fleurs séchées.
Un nouveau déclic, une nouvelle passion. Le jardin lui sert de matière
première, et les nombreuses fleurs qui égaillent les abords de la
maison sont cueillies précautionneusement, séchées, et disposées
dans des cadres. Là encore, tout un travail méticuleux, une création
mélant les couleurs et les espèces...
Arlette organise une vente de ses tableaux au profit des jeunes du
village, afin d'acheter des jeux de société, et participe au
téléthon en reversant le produit de la vente au profit de cette cause.
« J'aime la vie, mon vil- lage et la nature, tout comme mon ami Alain
Ryon, sculpteur de racines et poète, qui hélas nous a quittés et
laissés dans la peine. »
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