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Charrey-sur-SAONE


 

La fin de l'osier à charrey-sur-saône

Année 1981

A Charrey-sur-Saône, dans une quinzaine de jours, ce sera l'heure de cueillir l'osier. Mais dans cette commune du Val -de -Saône, située à la limite des cantons de Seurre et de Saint - Jean -de -Losne, on est loin de l'animation fébrile d'autrefois. Il fut un temps pourtant où le village, aujourd'hui 190 habitants (dont seulement 5 agriculteurs), vivait au rythme de l'osier et avec le bruit du" cirou ». Comme à Bonnencontre, à Magny- les -Aubigny, à Bessey ou encore à Franxault, l'osier à Charrey était source d'une activité importante (on se souvient ici de l'exposition réalisée par M. Jacquet et ses élèves de CM 1 en 1979 sur ce thème de l'osier). Jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale, les agriculteurs s'intéressaient à l'osier, au même titre qu'à d'autres cultures ou à l'élevage. Loin d'être quelque chose de marginal, la récolte de l’osier était conséquente, puisque, selon le maire de Charrey, ce sont quelque 500 tonnes d'osier vert qui étaient coupées chaque année. Jusqu'en mai .

Toute la famille à l'époque travaillait à la récolte, les femmes faisant leur part tout autant que les hommes, que ce soit à la coupe ou au blanchissage. La culture de l'osier, aujourd'hui comme hier, c'est une tradition , et tout un travail étalé sur 5 mois. Au départ, les boutures étaient plantées, et, quand les feuilles avaient totalement disparu, on coupait l'osier. Assemblé en bottes, il était rentré dans les fermes, trié, et suivait deux chemins différents selon la taille.

L'osier blanc, celui de 1,70 mètre et plus, était alors plongé tout l'hiver dans le bief du village, à l'intérieur de parcs aménagés à cette intention. Dans l'eau, feuilles et racines reprenaient vie, et, début mai, on sortait cet osier de l'eau. Commençaient alors le débranchage (sur un appareil appelé" cirou " en patois), et l'éclatement de la peau. Les peaux de l'osier, une fois enlevées, étaient séchées puis vendues aux agriculteurs qui s'en servaient comme lien pour les moissons.

Par paquets, l'osier blanc était vendu alors, destiné à la vannerie principalement.

Mévente
Mais l'histoire de l'osier a connu, depuis une vingtaine d'années, une mévente et une désaffection qui n'ont cessé de croître au fil des ans. De plus, en effet, cette culture s'est marginalisée Aujourd'hui, alors que les champs d'osier disparaissent progressivement du paysage de Charrey -sur -Saône, on ne récolte guère plus de 25 tonnes d'osier par an. Avec le remembrement de l'an prochain, c'en sera fini de cette culture, et de cette tradition ancestrale.

A la veille de la récolte de novembre, ils ne sont plus que cinq à Charrey à s'occuper de l'osier. Ailleurs, les pieds sont , arrachés ou abandonnés, dans une prolifération de boulots ou de trembles. Depuis quelque temps, l'osier se vend mal, et la récolte de 1980 reste parfois encore dans les greniers. L'osier d'aujourd'hui a en outre, quelque peu changé de finalité ; destiné essentiellement à la vannerie autrefois, il part actuellement pour l'Alsace, la Saône -et -Loire ou le Beaujolais, où il sert de liens pour les vignes. A Charrey-sur-Saône, on est bien loin des scènes d'autrefois, du travail de l'osier, unissant tout un village dans un même effort, quand le. cirou " résonnait dans tout le pays.
A Charrey comme ailleurs, l'osier appartient désormais à la tradition et à l'histoire.

Ph. DULEY

 

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