Charrey-sur-Saône découverte      Charrey-sur-Saône découverte 

                                                            

 

                            

Henri NIOT
envisage de rejoindre le Maquis . . 

Texte donné par sa fille Sylviane NIOT
      

Henri NIOT est né le 21 septembre 1923 à FRANXAULT, le plus jeune de 5 enfants.
Ses parents Maria (née THEURET) et Marius NIOT ne possédaient que peu de terres en plus de leur maison.
Le père se louait comme tâcheron auprès des autres cultivateurs.

Henri avait-il d’autres ambitions que de suivre l’exemple paternel ?
Il aimait beaucoup la lecture, mais il est lui aussi simple ouvrier agricole à l’adolescence.
Lorsque les Allemands défilent dans FRANXAULT, il refuse de les saluer. Il se serait laissé fusiller sur place contre le mur de la maison familiale sans l’intervention de sa mère.
Il envisage de rejoindre les Maquis en 1941, mais en attendant, comme d’autres, il se défoule en dessinant des caricatures. 
        



Un jour de ‘’battoir’’, il en dessine une de trop : Pétain la corde au cou !
Une bonne âme du village le dénonce et le voilà arrêté par les gendarmes Français, il a alors 18 ans.
Il passera alors 7 mois en isolement total à la prison de CHAUMONT, puis 5 mois avec d’autres. C’est là qu’il fera connaissance d’amis indéfectibles, dont l’un, Marcel SUILLEROT, vit encore près d’ici.

Le tribunal les avait condamnés à un an de prison, au terme de cette peine, au lieu de les libérer, les français les ont livrés aux ALLEMANDS : passage par les camps de Rouillé, de Compiègne, puis la déportation vers le Nord-Est de l’Allemagne, SACHSEMHAUSEN – ORANIENBURG, à 30 km au Nord de Berlin (grand convoi de janvier 1943). Ils ont 20 ans.

Henri et ses amis ne restent pas au ‘’Grand Camp’’, (adjoint par ailleurs au centre de formation des SS pour toute l’Allemagne, le ‘’Bâtiment de la mort’’, qui reste aujourd’hui un centre administratif et l’école de police)
Ils sont affectés au camp lié à l’usine Heinkel : cette usine fonctionne de 1936 à 1945, certains Allemands internés (communistes, juifs, homosexuels, tziganes, bref des déviationnistes de tout bord ! ayant eu le privilège d’être affectés là dés l’ouverture.
Les voilà donc dans l’industrie aéronautique, ils fabriquent des avions de guerre !

Bien sûr, ils apprennent très vite à forcer un peu sur la lime pour ajuster les vis qui se déboîteront par accident au cours des vols successifs, ou à entailler l’isolation des câbles électriques, juste assez pour qu’un jour, éventuellement un court-circuit se produise . . . .
D’ailleurs si les pilotes Allemands appelaient ces avions des ‘’cercueils volants’’ ou des ‘’briquets volants’’, ce n’est pas pour rien !

Peu après, lors d’un de ces interminables appels, on demande des cuisiniers Français pour les cuisines du camp ! Un ancien pousse mon père à se présenter, bien sûr, il n’a jamais cuisiné de sa vie, mais pour faire bouillir les rutabagas, pas besoin d’un expert !

Aux cuisines, on lui fait effectivement préparer les marmites.
A noter que les SS ne sont guère mieux nourris que les déportés.
Henri est aussi chargé de trancher le pain à la machine, la résistance consiste alors à faire des tranches un peu plus fines pour les SS, de façon à resquiller une tranche par pain.
Pas pour lui ! il va cacher ces tranches derrière les cordons de la bavette de son tablier de cuisine, pour passer ses pouces derrière les cordons de la bavette pour masquer le renflement suspect, devant les SS pour regagner sa chambrée.
Puis à la nuit, il rejoint son ami Marcel SUILLEROT, qui est toujours affecté aux ateliers , et lui donner le pain pour le distribuer à ceux qui en ont le plus besoin.
Ont-ils ainsi pu sauver des vies ?
Quelqu’un au moins, Pierre GOUFFAULT, l’affirmera.

Je passe sur les horreurs.
Comme les autres rescapés, Henri n’en parlait pas souvent. D’autres récits le décrivent.
Le camp sera bombardé par les Américains (pour affranchir les SS, mais bien sûr les ‘’dommages collatéraux’’ sont énormes, puis fin avril 1945, c’est l’organisation de la terrible ‘’Marche de la mort’’ en colonnes par 5, les internés (donc Allemands) et les déportés (les mêmes mais étrangers) doivent marcher sans provisions jusqu’à ROSTOCK, à 200 Km au Nord.
      

        
   Les premiers partis, et qui ne sont pas morts en route (il pleut, il fait froid, ils n’ont pour toute nourriture que les herbes cueillies au bord de la route et parfois un animal mort, ceux qui flanchent sont abattus, et quand un Allemand leur offre une pomme ou une patate, il se fait tirer dessus) donc ceux qui ont ainsi marché 200 Km sur les pavés de la route sont chargés sur des bateaux . . . et coulés en mer Baltique ! 

D’autres, déjà plus chanceux, arriveront alors que l’armée allemande est en pleine débâcle, ne contrôle plus rien et se retrouveront livrés à eux-mêmes en ville, vivants et libres !
D’autres enfin plus ou moins abandonnés par leurs gardiens qui ont fui, s’arrêteront en route. Cette évacuation avait été programmée pour effacer les traces de la déportation !

Au cours de cette marche donc, lors d’une halte nocturne en forêt, Henri, atteint de typhus, n’a plus la force de continuer. Certains de ses amis découvrent un passage non gardé, ils (en particulier Roger ESTIOT de Chenove) reviennent le chercher et l’entrainent avec eux.
Partant au hasard, ils se réfugient dans une meule de foin pour attendre le jour.
Ils voient fuir des soldats.
Au matin, ils continueront leur évasion et trouvent des Américains qui les accueillent bizarrement, comme si, dans leur état, ils étaient des espions !
Henri ne digèrera jamais cet accueil ! mais ils sont sauvés, puis rapatriés en train en passant par PARIS.

Lorsqu’il rentre à FRANXAULT, il apprend la mort de son père en 1944.
Par la suite, l’Etat lui permet de faire une formation de maçon à GERARDMER. Il ne pourra pas vraiment en faire son métier, souffrant des séquelles de sa déportation, mais cela lui sera bien utile pour construire seul sa propre maison !

L’Allemagne versera un petit dédommagement financier en 1962 (de quoi s’acheter un réfrigérateur et une télévision). 
             

                   

 

                 

Cliquez sur le bouton pour imprimer la page